15 octobre 2007
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23 septembre 2007
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L'émergence de l'Empire [modifier]
La Constitution du 14 janvier 1852 instituée par Napoléon III était largement inspirée de celle de l'an VIII. Si le suffrage universel masculin est rétabli, tous les pouvoirs exécutifs n'en sont pas moins concentrés dans les mains du chef de l'État. Il pouvait nommer les membres du Conseil d'État, dont la tâche était de préparer les lois, et du Sénat, un corps établi de façon permanente en tant que partie constitutive de l'Empire. Le corps législatif était de nouveau élu au suffrage universel masculin mais il n'avait aucun droit d'initiative, toutes les lois étaient proposées par le pouvoir exécutif (mais votées par le parlement). Ce changement politique eut rapidement les mêmes conséquences que celui du 18 Brumaire.
C'est par plébiscite que le 21 novembre 1852, les Français approuvent par 7 824 000 oui contre 253 000 non (et 2 millions d'abstentions) le sénatus-consulte rétablissant la dignité impériale au profit de Louis-Napoléon Bonaparte, désormais l'Empereur Napoléon III.
Partis politiques sous le Second Empire [modifier]
Article détaillé : Partis politiques sous le Second Empire.
L'Empire autoritaire [modifier]
La constitution , les mécanismes impériaux et leur évolution [modifier]
Napoléon III
Même si le mécanisme gouvernemental était quasiment le même sous le Second Empire que sous le Premier Empire, ses principes fondateurs étaient différents. La fonction de l'Empire, comme Napoléon III se plaisait à le répéter, était de guider le peuple à l'intérieur vers la justice et à l'extérieur vers une paix perpétuelle. Tenant ses pouvoirs du suffrage universel masculin et ayant fréquemment, depuis sa prison ou en exil, reproché aux précédents gouvernements oligarchiques d'avoir négligé les questions sociales, il résolut de les traiter en organisant un système de gouvernement basé sur les principes des « idées napoléoniennes », c'est-à-dire celles de l'Empereur - l'élu du peuple, représentatif du peuple, de la démocratie - et de lui-même, le représentant du grand Napoléon Ier, héros de la Révolution française, et donc gardien de l'héritage révolutionnaire.
Napoléon III montra rapidement que la justice sociale ne signifiait pas la liberté. Il agit de telle sorte que les principes de 1848 qu'il avait préservé deviennent une simple façade. Il paralysa toutes les forces nationales garantes de l'esprit public, telles que le Parlement, le suffrage universel masculin (qu'il avait néanmoins rétabli en 1852 après sa suppression par le Parlement), la presse, l'éducation et les associations. Le corps législatif n'était autorisé ni à élire son président, ni à voter sur le budget en détail, ni à faire des délibérations publiques. De manière similaire, le suffrage universel masculin était supervisé et contrôlé par les candidatures officielles, par l'interdiction de l'expression libre et par des ajustements habiles des districts électoraux de façon à noyer le vote libéral dans la masse de la population rurale. La presse était assujettie à un système de cautionnement, sous forme d'argent, déposé à titre de garantie de bonne conduite, et d'avertissements, c'est-à-dire de requêtes par les autorités de cesser la publication de certains articles, sous la menace de la suspension ou de la suppression, tandis que les livres étaient sujets à la censure.
Pour contrer l'opposition des individus, une surveillance des suspects fut instituée. L'attaque de l'empereur par Felice Orsini en 1858, bien que motivée uniquement par la politique italienne, servit de prétexte aux éléments conservateur du bonapartiste pour amener une augmentation de la sévérité de ce régime avec la loi de sûreté générale, décidée par le Général Espinasse avec le soutien modéré de l'empereur , qui autorisait l'internement, l'exil ou la déportation de tout suspect sans procès. De la même manière, l'instruction publique était strictement supervisée, l'enseignement de la philosophie et de l'histoire fut supprimé au lycée et les pouvoirs disciplinaires de l'administration furent augmentés.
Pendant les sept premières années de l'Empire, la France n'eut aucune vie politique. L'empire était porté par une série de plébiscites. Jusqu'en 1857, l'opposition n'existait pas puis, jusqu'en 1860, elle était réduite à cinq membres : Louis Darimon, Émile Ollivier, Jacques Hénon, Jules Favre et Ernest Picard. Les royalistes attendaient, inactifs après la tentative infructueuse faite à Frohsdorf en 1853, par une alliance des légitimistes et des Orléanistes, de rebâtir une vie monarchiste sur les ruines de deux familles royales.
Prospérité et culture [modifier]
Le succès de la prospérité impériale reposait sur un certain nombre d'éléments (festivités, développement du capitalisme...) afin d'éviter toute résurrection du spectre révolutionnaire. Ainsi, Napoléon III chercha le support du clergé, des grands financiers, des magnats industriels et des propriétaires terriens.
Il ressuscita à son propre compte le « enrichissons-nous » de 1840. Sous l'influence des Saint-Simoniens et des hommes d'affaires, de grands établissements de crédit furent institués et de grands chantiers furent lancés : le Crédit Foncier de France, le Crédit mobilier, la conversion du chemin de fer en six grandes compagnies entre 1852 et 1857. La passion pour la spéculation fut renforcée par l'arrivée de l'or californien et australien et la consommation était soutenue par une chute générale des prix entre 1856 et 1860, due à la révolution économique qui dépassa rapidement les barrières tarifaires, comme cela avait déjà été le cas au Royaume-Uni. Ainsi l'activité française fut florissante entre 1852 et 1857 et fut à peine temporairement affectée par la crise de 1857.
L'Exposition Universelle (1855) fut son point culminant. Le grand enthousiasme pour la période romantique était fini ; la philosophie devint sceptique et la littérature divertissante. Les festivités de la Cour à Compiègne définissaient la mode pour la bourgeoisie, satisfaite par ce gouvernement énergique qui préservait si bien leurs équilibres financiers.
Si l'Empire était fort, l'Empereur était faible. Forte-tête et rêveur, il était plein de plans . Plans que son irrésolution empêchait souvent d'aboutir . Pour lui, le travail artificiel du Congrès de Vienne, qui consacra la chute de sa famille et de la France, devait être détruit, et l'Europe devrait être organisée en un ensemble de grands états industriels, unis par des communautés d'intérêts et liés entre eux par des traités commerciaux, et exprimant leurs liens par des congrès périodiques présidés par lui-même, et par des expositions universelles. De cette façon il pouvait réconcilier les principes révolutionnaires de la suprématie du peuple avec la tradition historique, une chose que ni la Restauration ni la Monarchie de Juillet ni la Deuxième République n'ont été à même de faire. Le suffrage universel masculin, l'organisation des nations de Roumanie, de l'Italie et de l'Allemagne et la liberté de commerce, ce devait être le travail de la Révolution.
Une nouvelle place en Europe [modifier]
Article détaillé : Politique internationale française sous le Second Empire.
Napoléon III, dans la tradition napoléonienne, veut une politique étrangère ambitieuse. Il la dirige lui-même, court-circuitant parfois les circuits de la diplomatie française. Depuis 1815, la France est reléguée diplomatiquement aux pays de second rang. Le premier objectif de Napoléon III est de lui redonner un rôle en Europe alors en quête d'une nouvelle organisation sous la pression du nationalisme. La guerre de Crimée lui en donne l'occasion.
La guerre de Crimée [modifier]
Article détaillé : Guerre de Crimée.
La guerre est engagée par réaction à la politique ambitieuse et dangereuse de la Russie pour contrôler les Détroits de la Mer Noire à la Méditerranée. Cette zone a une importance stratégique non négligeable, surtout pour le Royaume-Uni. Napoléon III la rejoint, et ils déclarent la guerre le 27 mars 1854. Napoléon cherche à faire éclater la Sainte-Alliance de 1815. La France apparaît comme la protectrice des intérêts catholiques et le symbole d'un nouvel ordre européen. En 1855, elle reçoit l'appui du royaume de Piémont-Sardaigne. La guerre de Crimée, révèle des carences dans l'armée française habituée aux expéditions lointaines (75 000 morts au siège de Sébastopol). La guerre se termine le 10 septembre 1855. La politique d'intégrité de l'Empire ottoman, une politique traditionnelle en France depuis l'époque de François Ier, lui gagne l'approbation à la fois des vieux partis et des libéraux.
Le régime est au plus haut après la signature de la paix qui excluait la Russie de la Mer Noire et la naissance d'Eugène, qui assurait la continuation de sa dynastie. Napoléon III va alors exploiter son succès. Le comte Walewski, son ministre des affaires étrangères, donne une soudaine et inattendue extension aux propos des délibérations du Congrès de Paris (1856) en invitant les plénipotentiaires à considérer les questions de la Grèce, de Rome, de Naples, etc. Cavour et le Piémont-Sardaigne en bénéficièrent immédiatement, et grâce à Napoléon III ils furent en mesure de porter la question italienne devant une assemblée politique en Europe, et devant Napoléon en particulier.
La question italienne [modifier]
Article détaillé : Napoléon III et la question italienne.
Ce n'est pas l'attaque d'Orsini du 14 janvier 1858 qui influença Napoléon III sur la question de l'unification italienne. Ancien carbonaro, la victoire de ses armées en Crimée lui donna l'envergure nécessaire pour accomplir cette mission qui lui tenait à cœur. Napoléon III s'allie au Piémont-Sardaigne, puissance réunificatrice. Il marie son cousin à Clothilde, la fille du roi du Piémont en janvier 1859. En juillet 1858, un accord secret a été signé avec Cavour à Plombières. La sympathie de toute l'Europe était avec l'Italie, partagée depuis des siècles entre de si nombreux maîtres ; la Russie d'Alexandre II de Russie gagné depuis un entretien à Stuttgart par la générosité de l'Empereur plutôt que par la force armée, n'offrit aucune opposition à cet acte de justice tandis que le Royaume-Uni, force libérale, applaudit. En France, les milieux d'affaires et les chrétiens sont réticents.
Lorsque l'Autriche déclare la guerre au Piémont, en mai 1859, la France s'engage. Napoléon III prend la tête de l'armée et remporte les victoires de Magenta et Solférino les 4 et 24 juin 1859, mais au prix de fortes pertes. La perspective d'une alliance austro-prussienne dans la guerre stoppe Napoléon III qui signe la paix de Villafranca en juillet 1859. La présence autrichienne en Italie est maintenue. Les Italiens sont furieux car ils n'ont pu achever la réunification. En vertu de l'accord de Plombières, la France reçoit le comté de Nice et la Savoie, rattachée après plébiscite en avril 1860.
L'Empire libéral [modifier]
Une situation sociale délicate [modifier]
La politique industrielle était conçue autant par des motifs d'intérêt que par la sympathie de Napoléon III, au-delà de l'opposition à la bourgeoisie qui avait l'ambition de gouverner ou qui désirait son éviction. Le chemin était facile car il avait pour seul politique d'exploiter les préjudices des classes laborieuses. Elles subissaient toujours la loi Le Chapelier de 1791, qui en interdisant toute association professionnelle les plaçaient à la merci de leurs employeurs. De plus, la limitation du suffrage universel masculin avait conféré à la bourgeoisie un monopole politique qui l'avait placée hors de portée de la loi. Enfin, à chaque fois que les classes ouvrières avaient quitté leur position d'isolement rigide pour sauver la charte ou le suffrage universel masculin, la bourgeoisie triomphante les avait récompensées au mieux avec négligence. Le silence de l'opinion publique sous l'Empire et l'état prospère des affaires avaient achevé de séparer le parti des travailleurs des partis politiques. La visite d'une délégation des travailleurs élue et payée à l'exposition universelle de 1862 à Londres donna à l'Empereur une occasion pour rétablir des relations avec les ouvriers, et ces relations étaient à son avis tout à fait profitables, puisque les travailleurs, en refusant d'associer leurs réclamations sociales et industrielles aux ambitions de la bourgeoisie, maintenaient une attitude neutre entre les partis, et pouvaient donc, si nécessaire, les diviser, tandis que, par leur critique de la société, ils réveillaient les instincts conservateurs de la bourgeoisie et donc modéraient leur enthousiasme pour la liberté.
Une loi du 23 mai 1863 donna aux travailleurs la possibilité, comme au Royaume-Uni, d'économiser de l'argent en créant des sociétés coopératives. Une autre loi, du 25 mai 1864, leur donna le droit d'exiger de meilleures conditions de travail en organisant des grèves. Plus encore, l'Empereur permit aux travailleurs d'imiter leurs employeurs en créant des syndicats pour la protection permanente de leurs intérêts. Et finalement, quand les ouvriers voulurent substituer à l'utilitarisme réducteur des syndicats britanniques une vision commune à toutes les classes salariales du monde entier, il ne mit aucun obstacle sur le chemin du plan de leur chef Tolain pour fonder une Société Internationale des Travailleurs, qui le 18 février 1864 avait rédigé le Manifeste des Soixante, demandant la participation de candidats ouvriers aux élections. Dans le même temps il encouragea les dispositions prises par des employeurs pour l'épargne et l'amélioration de la condition des classes populaires.
Assuré d'être soutenu, l'empereur, au travers de Rouher, un défenseur du régime absolutiste, refusa toutes les demandes de la part des libéraux.
La montée de l'opposition [modifier]
Une opposition catholique critique se mit en place, incarnée par le papier de Louis Veuillot l'Univers, et ne fut même pas réduite au silence par l'expédition en Syrie de 1860 en faveur des catholiques maronites, qui étaient persécutés par les Druzes. D'un autre côté, le traité commercial avec le Royaume-Uni qui avait été signé en janvier 1860 et qui ratifiait la politique de libre-échange de Richard Cobden et Michel Chevalier, a placé l'industrie française face au choc soudain de la compétition étrangère. Ainsi, les catholiques et les protectionnistes découvrirent que l'absolutisme moral pouvait être une excellente chose quand il servait leurs ambitions ou leurs intérêts mais une mauvaise chose quand il s'exerçait à leurs dépens.
Mais Napoléon III, de façon à restaurer le prestige de l'Empire avant que ne se manifeste l'hostilité nouvelle de l'opinion publique, essaya de gagner à gauche ce qu'il avait perdu à droite. Après le retour d'Italie, l'amnistie générale du 16 août 1859 marqua l'évolution de l'absolutisme impérial vers l'empire libéral puis parlementaire qui devait durer dix ans.
Napoléon commença par retirer le bâillon qui tenait le pays au silence. Le 24 novembre 1860, par un « coup d'État » pensé lors de ses méditations solitaires, comme un conspirateur voulant cacher ses mystérieuses pensées à ses ministres même, il donna aux Chambres le droit de voter une apostrophe annuelle en réponse au discours du trône, et à la presse, le droit de rapporter les débats parlementaires. Il comptait sur cette mesure pour tenir en échec l'opposition catholique montante, qui était de plus en plus alarmée par la politique de laissez-faire pratiquée par l'Empereur en Italie.
La majorité gouvernementale montra aussitôt des signes d'indépendance. Le droit de voter sur le budget par section, accordée par l'Empereur en 1861, était une nouvelle arme donnée à ses adversaires. Tout convergeait en leur faveur : l'anxiété de ces candides amis qui pointaient du doigt les défauts du budget, la crise commerciale aggravée par la guerre de Sécession des États-Unis et, par-dessus tout, l'esprit têtu de l'Empereur qui agaça ses opposants en insistant pour conclure une alliance avec le Royaume-Uni afin de forcer l'ouverture des ports chinois au commerce.
Cette succession de mesures incomprises résultèrent en une alliance des partis de l'opposition, catholiques, libéraux et républicains, en une union libérale. Les élections de mai-juin 1863 donnèrent à l'opposition quarante sièges et un chef, Adolphe Thiers, qui donna voix à la demande des libertés nécessaires.
Il aurait été difficile pour l'Empereur de sous-estimer l'importance de cette manifestation de l'opinion française, et ses échecs à l'international rendait une politique de répression ardue , si tant est qu'il l'eût souhaité . Le sacrifice de Victor Fialin, comte de Persigny, ministre de l'Intérieur, qui était responsable des élections, la substitution des ministres sans portefeuille par une sorte de présidence du conseil (?) donné à Eugène Rouher, le « vice-empereur », et la nomination de Victor Duruy, un anticlérical, au poste de ministre de l'instruction publique, en réponse à ces attaques de l'Église qui devaient culminer avec le Syllabus de 1864, tout indiquait un rapprochement significatif entre l'Empereur et la gauche.
Mais même si l'opposition représentée par Thiers était davantage constitutionnelle que dynastique, il y avait une autre opposition irréconciliable, celle des républicains amnistiés ou exilés volontairement, dont Victor Hugo était le porte-voix éloquent. Ceux qui avaient précédemment constitué les classes gouvernantes montraient alors à nouveau des signes de leur ambition de gouverner. Il apparut le risque que ce mouvement né au sein de la bourgeoisie pourrait s'étendre au peuple. Comme Antée tenait sa force en touchant la terre, Napoléon crut qu'il pouvait contrôler son pouvoir menacé en se tournant à nouveau vers les masses laborieuses dont il tenait son pouvoir.
L'échec de la politique internationale [modifier]
Dans les années 1860, l'Empire n'a plus l'aura qu'il possédait à ses débuts. Sa perte de puissance à l'étranger provient en grande partie de sa tentative manquée de renverser une république et de mettre en place un empire latin au Mexique en faveur de l'archiduc Maximilien d'Autriche en 1863. L'Empire s'embarque dans des expériences de colonisation de 1861 à 1863 en Cochinchine et en Annam. Des incohérences similaires se remarquaient dans la politique européenne de l'Empereur. Le soutien qu'il avait donné à la cause italienne avait provoqué les espoirs d'autres nations. La proclamation du royaume d'Italie le 18 février 1861 après la rapide annexion de la Toscane et du royaume de Naples avait prouvé le danger des demi-mesures. Mais quand la concession, même limitée, a été faite pour la liberté d'une nation, elle pouvait difficilement être refusée pour les non moins légitimes aspirations des autres.
En 1863 ces « nouveaux droits » demandèrent encore à être reconnus : en Pologne, en Schleswig et Holstein, en Italie, maintenant évidemment unie mais sans frontière ni capitale, et dans les principautés du Danube. Afin de s'extraire de l'impasse polonaise, l'Empereur eut encore recours à l'expédient du congrès. Il fut encore une fois infructueux, car inopportun : le Royaume-Uni refusa même le principe d'un congrès, tandis que l'Autriche, la Prusse et la Russie ne donnèrent leur adhésion qu'à des conditions qui le rendirent futile, c'est-à-dire qu'ils mirent de côté les questions vitales de la Vénétie et de la Pologne.
Ainsi Napoléon devait encore décevoir les espoirs de l'Italie, laisser la Pologne se faire écraser et permettre à l'Allemagne de triompher sur le Danemark dans la question du Schleswig-Holstein.
Il fut aidé par la fin de la crise industrielle quand la guerre civile américaine se termina, par l'apparente résolution de la question romaine par la convention du 15 septembre qui garantissait aux États papaux la protection de l'Italie, et finalement par le traité du 30 octobre 1864 qui mit temporairement fin à la crise de la question du Schleswig-Holstein.
Après 1865 l'accord temporaire qui avait uni l'Autriche et la Prusse pour l'administration des duchés conquis donna lieu à une antipathie silencieuse. Même si la guerre austro-prussienne de 1866 était inattendue, sa conclusion rapide fut un choc sévère en France. Au lendemain du plébiscite triomphal de 1869, Emile Ollivier déclara qu' « à aucune époque, le maintien de la paix en Europe n'a été aussi assuré ». Mais après le 3 juillet 1866 et la bataille de Sadowa, le Traité de Prague mit une fin à la rivalité séculaire entre les Habsbourg et les Hohenzollern pour l'hégémonie sur l'Allemagne, ce qui était une occasion pour la France, et la Prusse se permit d'honorer les prétentions de Napoléon en établissant entre sa confédération nord-allemande et les états du sud une frontière illusoire le long du Main. Les efforts infructueux de l'empereur français pour obtenir une « compensation » sur la rive gauche du Rhin en échange des États d'Allemagne du sud, aggravèrent les choses. La France réalisa avec une surprise désagréable que sur sa frontière est était apparue une puissance militaire par laquelle son influence, si ce n'est son existence, était menacée ; qu'au nom du principe de souveraineté des nations, l'Allemagne avait été réunie sous la coupe d'une dynastie par tradition militariste et agressive, par tradition ennemie de la France : que cette nouvelle et menaçante puissance avait détruit l'influence française en Italie qui devait l'acquisition de la Vénitie à une alliance prussienne et à des armes prussiennes ; et que tout cela était dû à Napoléon III, manipulé à chaque fois depuis son premier entretien avec Otto von Bismarck à Biarritz en octobre 1865. Celui-ci, afin de rendre la réunification de l'Allemagne définitive avait besoin d'un ennemi commun pour souder les peuples allemands : ce sera la France.
La chute de l'Empire [modifier]
Série Histoire de France
Second Empire libéral
Sénatus-consultes et Lois
Élections de 1869
Plébiscite de 1869
Gouvernement Ollivier
Dépêche d'Ems
Défaite de Sedan
Gouvernement provisoire
Une bonne partie de la confiance que l'empire avait capitalisé jusque là s'évanouit. Thiers et Jules Favre, en tant que représentants de l'opposition, dénoncèrent les erreurs de 1866. Emile Ollivier divisa la majorité officielle par l'amendement de l'article 45, et fit comprendre qu'une réconciliation avec l'Empire serait impossible jusqu'à ce que l'Empereur libéralise réellement le régime. Le rappel des troupes françaises de Rome, en accord avec la convention de 1864, donna lieu à de nouvelles attaques du parti ultramontain, qui était soutenu par la papauté. Napoléon III sentit la nécessité de développer le grand acte de 1860 par le décret du 19 janvier 1867. En dépit de Rouher, par un accord secret avec Ollivier, le droit d'interpellation fut rendu aux Chambres. Les réformes dans la supervision de la presse et le droit de réunion furent promises. En vain, Rouher tenta de rencontrer l'opposition libérale en organisant un parti pour la défense de l'Empire, l'Union Dynastique. La rapide succession de revers internationaux l'empêcha de faire quoi que ce soit.
L'année 1867 fut particulièrement désastreuse pour l'Empire. Au Mexique, la grande idée du règne se termina par une retraite humiliante avant l'ultimatum des États-Unis, tandis que l'Italie, comptant sur sa nouvelle alliance avec la Prusse et oubliant déjà ses promesses, mobilisait les forces révolutionnaires pour compléter son unité en conquérant Rome. Les « chassepots » de Mentana étaient nécessaires pour tenir en échec les Garibaldiens. Et la diplomatie impériale fut ridiculisée par sa tentative d'obtenir du victorieux Bismarck des compensations territoriales sur le Rhin, en Belgique et au Luxembourg, qui auraient pu être obtenues de lui plus tôt à Biarritz, quand Benedetti ajouta l'erreur de demander au mauvais moment, il eut l'humiliation de ne rien obtenir.
Parallèlement, la France menait une politique de prestige qui impressionna toute l'Europe . Dans le Paris transformé par le Baron Haussmann en une cité moderne, capitale des arts et de la culture, l'ouverture de l'exposition universelle de 1867 accueillit dix millions de visiteurs et des souverains venus de toute l'Europe. Un succès qui fut quelque peu terni par la tentative d'assassinat de Berezowski sur le tsar Alexandre II de Russie, et par le tragique destin du malheureux empereur Maximilien au Mexique. Thiers, un peu excessif, s'exclama qu'il n'y avait plus d'autres erreurs à faire. L'Empereur en commit cependant une de plus. Vieux et infirme l'empereur parvint pourtant à mettre en place un empire constitutionnel, trouvant dans le danger qu'impliquait une telle option, plus d'énergie qu'il n'en dépensa les vingt années précédentes. Pour autant, un grand succès intenational lui était nécessaire pour reconquérir définitvement une opinion qui appréciait (comme le montre le plébiscite de 1870) le tournant libéral du régime. Assez mal conseillé, il crut voir dans la guerre contre la Prusse l'occasion à ne pas manquer pour stabiliser définitivement le régime.
Napoléon se dirigea vers la guerre sans faire les préparatifs nécessaires. Le comte Beust tenta de ressusciter sans succès, avec le soutien du gouvernement autrichien, le projet abandonné par Napoléon depuis 1866 d'une résolution sur la base d'un statu quo avec désarmement réciproque. Napoléon refusa, sur le conseil du colonel Stoffel, son attaché militaire à Berlin, qui indiquait que la Prusse n'accepterait par le désarmement ; mais il était plus inquiet qu'il ne voulait le montrer. Une refonte de l'organisation militaire lui semblait nécessaire. Le maréchal Niel fut incapable de l'obtenir que ce soit de l'opposition bonapartiste ou de l'opposition républicaine, qui était réticente à renforcer celui qu'elle qualifiait de "despote" . Les deux parties étaient rendues aveugles aux dangers extérieurs par les intérêts politiques.
L'empereur était abandonné par les hommes et déçu par les évènements. Il avait vainement espéré que, même en donnant la liberté de la presse et en autorisant les réunions, il garderait la liberté d'action ; mais il avait joué le jeu de ses ennemis. Les Châtiments de Victor Hugo, La Lanterne, journal de Rochefort, la souscription au monument à Baudin, le député tué dans les barricades en 1851, suivis par le discours de Léon Gambetta contre l'Empire à l'occasion du procès de Charles Delescluze, montrèrent rapidement que le parti républicain n'était pas conciliable.
De l'autre côté, le parti orléaniste était devenu mécontent parce que les industries autrefois protégées n'étaient pas satisfaites par la réforme du libre-échange. La classe ouvrière avait abandonné sa neutralité politique qui ne lui avait rien apporté, et était passée à l'ennemi. Ignorant l'attaque dépassionnée de Pierre-Joseph Proudhon contre l'esclavage du communisme, elle avait été progressivement gagnée par les théories collectivistes de Karl Marx et les théories révolutionnaires de Bakounine, mises en avant aux congrès de la Société internationale des travailleurs. À ces congrès, dont la renommée n'avait été qu'augmentée par leur interdiction, il avait été confirmé que l'émancipation sociale du travailleur était inséparable de son émancipation politique. L'union entre les internationalistes et les bourgeois républicains devint un fait accompli.
L'Empire, pris par surprise, essaya de circonvenir à la fois les classes moyennes et les classes laborieuses, ce qui les entraîna dans des actions révolutionnaires. Il y eut de nombreuses grèves. Les élections de mai 1869, qui eurent lieu durant ces troubles, infligèrent à l'Empire une importante défaite morale (40% pour l'opposition) même si l'empire gardait le soutien essentiel de la paysannerie . En dépit du renouveau du gouvernement grâce à la peur rouge, Ollivier, l'avocat de la conciliation, fut rejeté par Paris, tandis que 40 irréconciliables et 116 membres du Troisième parti étaient élus. Des concessions devaient leur être faites, ainsi par le « sénatus-consulte » du 8 septembre 1869 une monarchie parlementaire se substitua au gouvernement personnel. Le 2 janvier 1870 Ollivier était placé à la tête du premier ministère homogène, uni et responsable.
Mais le parti républicain, contrairement au pays qui réclamait la réconciliation de la liberté et de l'ordre, refusait de se contenter des libertés acquises ; ils refusèrent tout compromis, se déclarant plus décidés que jamais à renverser l'Empire. Le meurtre du journaliste Victor Noir par Pierre Bonaparte, un membre de la famille impériale, donna aux révolutionnaires l'occasion si longtemps attendue (10 janvier). Mais l'émeute se termina par un échec et l'empereur put répondre aux menaces personnelles par une éclatante victoire au plébiscite du 8 mai 1870.
Ce succès qui aurait dû consolider l'Empire entraîna sa chute. Il était supposé qu'un succès diplomatique puisse faire oublier la liberté en faveur de la gloire. C'est en vain qu'après la révolution parlementaire du 2 janvier 1870 le comte Daru ressuscita, par l'intermédiaire de Lord Clarendon, le plan du Comte Beust de désarmement après la bataille de Sadowa (Königgratz). Il rencontra un refus de la Prusse et de l'entourage impérial. L'Impératrice Eugénie est créditée de la remarque « S'il n'y a pas de guerre, mon fils ne sera jamais empereur. »
La guerre franco-allemande [modifier]
Article détaillé : Guerre franco-allemande de 1870.
Le prétexte désiré fut offert le 3 juillet 1870 par la candidature du prince de Hohenzollern au trône d'Espagne. Pour les Français, il semblait que la Prusse réactualisait la politique traditionnelle des Habsbourg. La France, ayant rejeté pour des raisons dynastiques la candidature d'un français, le duc de Montpensier, était menacée par un prince allemand. Jamais l'Empereur, maintenant physiquement et moralement malade, n'avait eu plus grand besoin de l'avis d'un homme ayant la stature d'un homme d'état et le support d'une opinion publique éclairée. Il n'eut ni l'un ni l'autre.
Le ministre libéral Ollivier, voulant se montrer aussi jaloux des intérêts nationaux que n'importe quel ministre absolutiste, voulut faire quelque chose de grand et, poussé par les forces de l'opinion qu'il avait lui-même libérées, il accepta la guerre comme inévitable et s'y prépara d'un cœur léger. Face à la décision d'une déclaration du duc de Gramont, le ministre des Affaires étrangères, devant le corps législatif, le 6 juillet 1870, l'Europe alarmée, accorda son support aux efforts de la diplomatie française et obtint l'annulation de la candidature des Hohenzollern. Cela n'entrait pas dans les vues des partisans parisiens de la guerre ou de Bismarck, qui voulaient chacun de leur côté déclarer la guerre. La demande malavisée de Gramont d'une garantie de future bonne conduite de la part de Guillaume Ier, donna à Bismarck cette occasion, et le refus du roi fut transformé en une insulte en modifiant le télégramme. La chambre, en dépit des efforts désespérés de Thiers et de Gambetta, vota la guerre par 246 voix contre 10.
La France était isolée, autant par la duplicité de Napoléon que par celle de Bismarck. La révélation aux diètes de Munich et de Stuttgart du texte écrit des prétentions de Napoléon sur les territoires de Hesse et Bavière avait depuis le 22 août 1866 aliéné le sud de l'Allemagne, et encouragea les États du Sud à signer une convention avec la Prusse. À cause d'une série de bévues similaires, le reste de l'Europe devint hostile. La Russie, qui après l'insurrection polonaise de 1863 cherchait à se rapprocher de la Prusse, apprit avec mécontentement, par la même indiscrétion, comment Napoléon tenait ses promesses faites à Stuttgart. L'espoir de se venger de sa défaite de 1856 alors que la France était en difficulté la décida à une neutralité bienveillante. La révélation des desseins de Benedetti en 1867 sur la Belgique et le Luxembourg également assurèrent une neutralité inamicale de la part du Royaume-Uni.
L'Empereur comptait sur l'alliance de l'Autriche et de l'Italie, avec lesquelles il était en négociation depuis l'entretien de Salzburg (août 1867). L'Autriche, ayant souffert de ses mains en 1859 et en 1866, n'était pas prête et demanda un délai avant de rejoindre la guerre tandis que les amitiés hésitantes de l'Italie ne pouvaient être gagnées que par l'évacuation de Rome. Les « chassepots » de Mentana, le « jamais » de Rouher, et l'hostilité de l'Impératrice catholique pour tout article secret qui pourrait ouvrir à l'Italie les portes de la capitale privèrent la France de sa dernière amie.
Les armées du Maréchal Lebœuf n'étaient pas plus efficaces que les alliances de Gramont. L'incapacité des officiers de haut rang de l'armée française, le manque de préparation à la guerre des quartiers généraux, l'irresponsabilité des officiers, l'absence d'un plan de contingence et le fait de compter sur la chance, stratégie précédemment fructueuse pour l'Empereur, plutôt qu'une stratégie élaborée, apparurent tout de suite lors de l'insignifiant engagement de Sarrebruck. Ainsi l'armée française multiplia les défaites et les victoires inexploitées, telles notamment celles de Froeschwiller, Borny-Colombey, Mars-la-Tour ou Saint-Privat, pour aboutir au désastre de Metz.
Par la capitulation de la bataille de Sedan, l'Empire perdit son dernier soutien, l'armée. Paris était laissée sans protection, avec une femme aux Tuileries (Eugénie), une assemblée terrifiée au Palais-Bourbon, un ministère, celui de Palikao, sans autorité, et les chefs de l'opposition qui fuyaient alors que la catastrophe approchait. Le 4 septembre 1870, les députés républicains réunis à l'Hôtel de Ville constituèrent un gouvernement provisoire. L'Empire était tombé, l'Empereur était prisonnier en Allemagne et la France entrait dans l'ère de la Troisième République.
23 septembre 2007
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Biographie [modifier]
Député conservateur en 1900, plusieurs fois ministre, puis Premier lord de l'Amirauté (1911-1915), enfin Premier ministre (1940-1945 et 1951-1955), leader du parti conservateur, il fut l'animateur de l'effort de guerre britannique lors de la Deuxième Guerre Mondiale, et l'un des propagandistes de la victoire alliée sur l'Axe. Il fut également Prix Nobel de littérature en 1953.
Jeunes années [modifier]
Winston Leonard Spencer Churchill naquit le 30 novembre 1874 au Palais de Blenheim. Dans ses mémoires, il écrit que ce fut à Blenheim Palace qu'il prit « les deux décisions les plus importantes de ma vie : naître et me marier. Je n'ai jamais regretté aucune des deux. ». Il resta fidèle toute sa vie à ce palais, y retournant régulièrement, même pour sa lune de miel. Et c'est au cimetière de Blandon, juste à côté du château de ses ancêtres qu'il repose, à côté de ses parents. Il était le fils ainé de Lord Randolph Churchill et de Jennie Jerome. Son père était lui même fils du 7e Duc de Marlborough, tandis que sa mère, était la deuxième fille d'un riche homme d'affaires new-yorkais, Leonard Jerome. Son milieu familial eut une influence bénéfique sur sa carrière militaire, puis politique. Il sut en effet utiliser toutes les ressources que lui offraient les liens familiaux pour se faire envoyer sur les fronts où, jeune soldat, il était sûr de trouver la gloire qu'il recherchait avidement. Lorsqu'il débuta en politique, ce fut son cousin, le duc de Marlborough en titre qui paya tous ses frais de campagne.
Winston Churchill commença ses études à Harrow school, une public school1 très cotée . Malgré ses affirmations dans ses Mémoires, il n'y eut pas de si mauvais résultats scolaires que cela. Il aimait à se présenter comme un enfant mal aimé, handicapé par une éducation limitée, ce qui lui permettait de passer pour un homme dont la réussite n'était due qu'à ses efforts solitaires. À Harrow school, il fut cependant dirigé vers la section militaire, là où on envoyait les moins intelligents des élèves. Il s'y reprit à trois fois pour entrer dans l'Académie militaire de Sandhurst. Il devint Lieutenant du « 4e régiment de hussards de la Reine » en 1895, juste après la mort de son père.
Huit mois après avoir été nommé officier, il fut envoyé comme observateur à Cuba alors déchiré par la guerre hispano-américaine. Il en profita pour envoyer des comptes rendus sur les opérations au Daily Telegraph, et ainsi se faire un peu d'argent. Tant qu'il le put, il essaya de combiner ses obligations d'officier d'active avec celles de correspondant de guerre. Il utilisa alors toutes les ressources de ses relations familiales pour se faire envoyer là où il se passait quelque chose.
À la frontière nord ouest de l'Inde en 1897, que l'Empire britannique consolidait depuis 1879, il participa à la conquête de la Birmanie. Au cours de son séjour en Inde, il compléta son éducation par la lecture de philosophes grecs et d'historiens classiques. Churchill en tira une très profonde culture historique qui lui servit toute sa vie.
Au Soudan en 1898, lorsque l'armée de Lord Kitchener en fit la conquête pour assurer la sécurité de l'Égypte, il s'illustra à Omdurman au cours d'une des dernières charges de cavalerie qu'ait connue l'histoire militaire.
En 1899, il quitta l'armée et se présenta à une élection législative partielle à Oldham. Candidat du Parti conservateur, il y fut battu. Il partit alors en Afrique du Sud où il fut correspondant de guerre pour le Daily Telegraph. Les possessions britanniques encerclaient alors le Transvaal, pays appartenant aux descendants des colons hollandais, les Boers. L'attrait de l'or et des diamants que renfermait cette région amena une guerre entre le Royaume-Uni et les Boers. Elle dura de 1899 à 1902, et se termina par l'annexion des territoires Boers à l'Empire. Winston Churchill fut fait prisonnier par les Boers (1899) après que le train blindé dans lequel il voyageait eut déraillé près de Colenso. Son évasion spectaculaire lui valut de faire la une des journaux du monde entier. Ses expériences sur ces divers fronts lui permirent d'écrire quatre livres et de faire un certain nombre de conférences. Il en profita pour dénoncer la faiblesse de l'organisation de l'armée britannique, ce qui déclencha la première polémique de sa carrière dont il sera à l'origine. Il avait pu économiser 10.000 livres en 1901, une somme élevée pour l'époque.
Au début 1908, il épousa Clémentine Hozier, avec qui il eut un fils et 4 filles, dont une mourut en bas âge.
Carrière politique [modifier]
Les débuts [modifier]
En 1900, il fut élu pour la première fois au Parlement, en tant que député conservateur de la circonscription d’Oldham. Ensuite, lors de l'élection de 1904, il fut réélu, mais cette fois en tant que député du parti libéral. Il occupa le poste de ministre du Commerce en 1908. En 1909, Churchill se brouilla avec sa famille et son milieu social par sa prise de position en faveur du People's Budget qui augmentait considérablement l'impôt sur les successions des Lords. Puis, en 1910-1911, il fut ministre de l'Intérieur. Durant cette période, il tissa d'étroits liens avec David Lloyd George. Finalement, en 1911, juste avant le premier conflit mondial, il fut nommé Premier Lord de l'Amirauté, et de 1911 à 1915, il modernisa considérablement la flotte britannique. En 1913, il ajoute une provision à la loi sur les handicapés mentaux, qui instaure un programme de stérilisations contraintes à des fins eugéniques.
En juillet 1914, Churchill reçut Albert Ballin, président de la Hamburg-Amerika Line et le mit en garde contre une possible intervention britannique :"Mon cher ami, ne nous obligez pas à entrer en guerre !" lui déclara-t-il. Cependant, le Cabinet britannique était divisé sur l'attitude à adopter vis à vis de la crise : Churchill était un partisan déterminé de la France, Lloyd George, Chancelier de l'Échiquier, un partisan déterminé de la neutralité, Sir Edward Grey, Secrétaire au Foreign Office penchait plutôt pour la France, quant au Premier ministre Asquith, il se gardait bien de prendre position. Sans obtenir l'accord préalable du Cabinet, comme l'exigeait Lloyd George, Churchill mobilisa la flotte, rappela 40.000 réservistes et l'envoya de la Manche en Mer du Nord pour éviter un raid de la flotte du Reich dans la Manche. En effet, Churchill craignait à la fois l'impossibilité pour la Grande-Bretagne de venir en aide à la France et la possibilité pour l'amiral Alfred von Tirpitz de rééditer le raid de l'amiral Togo à Port-Arthur en 1904 en attaquant par surprise la marine britannique. À ce sujet, Churchill déclara : « Le commandant de la Home Fleet est le seul qui puisse perdre la guerre en un après-midi ! ». Quand cette mobilisation fut connue, soit le Cabinet ratifiait la décision de Churchill, soit le gouvernement tombait, ce qui aurait donné une fâcheuse impression d'indécision dans une crise si grave. Les partisans de l'intervention l'emportèrent, les pacifistes s'inclinèrent et les plus résolus d'entre-eux démissionnèrent ; à la suite de quoi, le secrétaire au Foreign Office adressa un ultimatum à l'Allemagne pour qu'elle évacue immédiatement la Belgique.
La Première Guerre mondiale ne fut pas la plus heureuse pour Winston Churchill. Il y eut un rôle très controversé qui faillit mettre fin à sa carrière. Churchill, alors pressé par les Russes qui voulaient voir la pression turque dans le Caucase diminuer, et soucieux de contourner l'impasse sanglante du front occidental, proposa d'organiser une grande expédition, l'Expédition des Dardanelles. L'offensive lancée par un commandement allié timoré, échoua le 18 mars 1915 devant Canakkale. C'est alors que l'on ordonna une invasion par voie terrestre. Quatre divisions britanniques débarquèrent au Cap Helles. Ils essayèrent d’établir une tête de pont à la presque île de Gallipoli, mais suite à trois terribles affrontements, les soldats furent rappelés. On tenta un second débarquement, cette fois au Cap Sulva. Encore une fois, ce nouveau plan ne fonctionna pas, et le 9 janvier 1916, on évacua les troupes alliées. L'expédition des Dardanelles se solda par 144 000 blessés ou tués. Ce monumental échec força Churchill, bouc émissaire, à quitter son poste de premier Lord de l'Amirauté.
Après sa démission, il commanda un bataillon en France. Avant la fin de la guerre, il fut rapatrié au Royaume-Uni et devint secrétaire à la guerre de 1917 à 1922.
L'entre deux-guerres [modifier]
Après la Grande Guerre, il se prononce pour une réconciliation avec l'Allemagne (contrairement à Lloyd George et Georges Clemenceau) et dénonce par ailleurs le bolchevisme (ou communisme) qui a pris le pouvoir en Russie. Il avertit : « De toutes les tyrannies de l'Histoire, la tyrannie bolchevique est la pire, la plus dévastatrice, la plus avilissante »2. Plus tard, il comparera même les Bolcheviks à " une bande de babouins sanguinaires dansant sur des ruines fumantes ! ". Cette annonce avait pour but de sensibiliser la planète aux évènements qui avaient lieu en Russie.
En 1921, Churchill devint Secrétaire d'État aux colonies et eut deux problèmes particulièrement épineux à régler : la Question d'Irlande et le Proche-Orient.
En Irlande, il pratiqua d'abord une politique de répression très ferme contre le Sinn Fein, en recrutant des supplétifs appelés Black and Tans qui y semèrent la terreur. Puis, comme il le montra plusieurs fois dans sa vie, il changea d'avis et engagea une négociation avec Michael Collins, un des leaders de l'IRA et il fut le principal artisan du Traité Anglo-Irlandais de 1921 qui permit la naissance de l'Etat Libre d'Irlande. Pour amadouer Collins, très remonté contre lui, et qui lui reprochait d'avoir mis sa tête à prix pour 5.000£, Churchill lui montra l'affiche émise par le gouvernement du Transvaal en 1899 qui promettait 25£ de récompense pour sa capture, en lui disant que lui-même évaluait Collins 200 fois ce que les Boers l'avaient évalué!
Au Proche-Orient, il eut à gérer la déception des Arabes et de Hussein, Chérif de La Mecque, qui n'admettaient pas la violation des promesse prodiguées par Lawrence, au nom de la Grande-Bretagne et qui substituait une domination britannique à une domination ottomane. Churchill prit Lawrence comme conseiller. Celui-ci lui fit adopter trois mesures pour appaiser les tensions : retirer le contrôle de la Mésopotamie (Irak et Koweit) à l'India Office, transformer le mandat de la SDN à la Grande-Bretagne sur l'Irak en traité d'alliance, remplacer l'armée de terre britannique, perçue par les arabes comme force d'occupation, par la RAF, plus discrète et aussi efficace.
De 1922 à 1924, il fut éloigné du parlement à la suite de l'effondrement du parti libéral. En 1924, il revient de nouveau en tant que député conservateur, il occupe alors le poste de Chancelier de l'Échiquier3 du gouvernement et prit la désastreuse décision de rattacher à nouveau la livre sterling à l'or, ce qui provoqua une récession catastrophique. L'économiste Keynes en tira un pamphlet Les Conséquences économiques de M. Churchill.
Un peu plus tard, en 1926, il contribue fortement, par des apparitions publiques, à déclencher la crise sociale, durant laquelle il combattit farouchement les syndicats. Il fut de nouveau écarté du parlement en 1929 à cause de la défaite des conservateurs. Atteint d'une crise d'appendicite, il ne put faire campagne ; aussi, après sa défaite, il eut le mot « Je me suis retrouvé en quelques jours sans siège au Parlement, sans amis politiques et ... sans appendice! ».
Durant les années trente, il se consacra surtout à l'écriture. Churchill restera un journaliste rentré toute sa vie. Il écrira quantité d'articles ou tiendra des conférences sur tous les sujets, aussi bien sur ce qui lui tenait à cœur que sur n'importe quoi. En effet, son train de vie de sybarite (champagne, whisky, cigares, table ouverte à beaucoup de monde) lui coûtait fort cher. Il écrira même un roman, tout en conseillant vivement à ses amis, non sans humour, de ne pas le lire.
Pendant cette « traversée du désert » Churchill profita de sa notoriété pour constituer un réseau d'informateurs issus de la haute fonction publique et nourrir ainsi ses interventions aux Communes ainsi que ses conférences, principalement sur le danger nazi. Le fonctionnement de ce réseau était semi-clandestin et ses informateurs auraient été certainement destitués si les gouvernements successifs l'avaient découvert. Le Général de Gaulle, entre 1946 et 1958, constitua un réseau comparable d'informateurs privés au sein de la haute fonction publique qui le tenait au courant des progrès de la recherche nucléaire à but militaire.
Il s'opposa à l'autonomie des Indes en traitant à cette occasion Gandhi de « fakir à demi nu » et il soutiendra Édouard VIII lors de la crise d'abdication de 1936 avant de changer d'avis à son sujet et de l'éloigner comme Gouverneur des Bahamas en 1940, parce qu'il craignait qu'il ne soit manipulé par Hitler ou les pacifistes . Il se rendit vite compte de la menace nazie pour le Royaume-Uni, et lors du débat sur le budget de la Défense pour 1936 et 1937, alors en réserve du Royaume, il estima qu'il convenait d'augmenter les crédits militaires d'au moins 50 millions de livres sterling (+ 40 %) car : « Aussi pacifique qu'il puisse être, le gouvernement allemand doit faire face à un terrible dilemme. Aller de l'avant, c'est la banqueroute. Arrêter le mouvement, c'est un chômage sans précédent. L'Allemagne ne dispose d'aucun moyen de rechange pour utiliser sa main-d'œuvre : ni le moyen de commercer avec des colonies, ni celui de faire la conquête pacifique de marchés ».
En septembre 1938, il plaida pour une action de la France, du Royaume-Uni et de l'URSS pendant la crise tchèque. Il condamna les accords de Munich signés par Neville Chamberlain et prononce au Parlement un de ses plus célèbres discours au cours duquel il a prononcé cette phrase : « Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ». Il fut le premier à insister sur un véritable réarmement. Il n'obtint pas tout de suite la faveur populaire, mais il rallia un soutien grandissant.
En 1939, à la suite de la déclaration de guerre à l'Allemagne après que celle-ci eut envahi la Pologne, Chamberlain dut le nommer, pour la seconde fois, premier Lord de l'Amirauté. Moins de trente minutes après sa nomination, tous les bâtiments de la flotte britannique avaient reçu le message « Winston is Back! ».
Premier ministre durant la guerre [modifier]
Winston Churchill en août 1943 au Québec.
Suite aux débuts boiteux des alliés, mais surtout à cause de son propre débarquement à Narvik qui visait à couper la route du fer aux allemands, et qui, à l’instar de Gallipoli, n’avait pas marché, il fut, le 10 mai 1940, nommé Premier ministre. En effet, Neville Chamberlain assuma la responsabilité de l'échec et offrit sa démission, blanchissant Churchill par la même occasion et laissant à ce guerrier né la mission de conduire la guerre. Durant les jours sombres de la bataille d'Angleterre, les discours passionnés de Churchill poussèrent les Britanniques à poursuivre la lutte. Pour être tout à fait sûr que la flotte française ne tombe pas entre les mains des Allemands, il ordonna que l'on attaque la flotte de l'Atlantique à l'ancre à Mers el Kébir. Il développa une collaboration fructueuse avec le président Roosevelt. Cette « alliance » lui procura un soutien militaire et moral important de la part des États-Unis. Pendant toute la guerre il occupa une place importante dans la coordination militaire alliée. Il fut, à l'instar de Dwight D. Eisenhower, réticent à lancer les troupes sur le mur de l'Atlantique car il redoutait une faille dans le secret du plan, si cela s’était produit, les troupes lors du débarquement de Normandie se seraient dirigées vers la mort, rien de moins. Cela lui rappelait la Bataille des Dardanelles. Malgré tout, le secret de l'expédition fut bien gardé et les troupes prirent pied peu à peu en France, la Luftwaffe clouée au sol.
Dans les conférences de paix alliées, Churchill occupa un rôle de premier plan, cependant, il ne participa qu'aux premières négociations de Potsdam, car il ne fut pas réélu aux élections de juillet 1945. Il critiqua fortement les réformes de « l'État providence » instaurées par son successeur. Lors de son célèbre discours de 1946 à Fulton, au Missouri, il mit en garde le monde libre contre l'expansionnisme soviétique et inventa l'expression du « rideau de fer ».
Conférence du Caire, Tchang Kaï-chek, Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill
Il est également le premier à avoir remis à l'ordre du jour l'idée hugolienne des « États-Unis d'Europe » lors d'un discours à Zurich le 19 septembre 1946 et a présider le Congrès de la Haye en 1948, puis le Mouvement européen.
Le 1er janvier 2006, des documents d'archives datant de 1942 à 1945 sont rendus publics, dans lesquels des discussions entre cabinets gouvernementaux sont détaillées. Ils révèlent que Winston Churchill, en avril 1945, avait envisagé une condamnation à mort par chaise électrique et sans procès à l'égard d'Hitler et des principaux dirigeants nazis, s'ils étaient capturés vivants. Par ailleurs, en janvier 1943, Winston Churchill a émis l'idée de laisser mourir Gandhi si ce dernier faisait une grève de la faim alors qu'il était prisonnier des Britanniques durant la Seconde Guerre mondiale.
Second mandat [modifier]
Il fut rétabli au poste de premier ministre de 1951 à 1955, mais sa santé défaillante l’empêcha de diriger le pays de façon aussi dynamique que lors de son premier mandat. Après 1955, Churchill consacra ses dernières années à la peinture et à l’écriture. Il mourut le 24 janvier 1965, à l’âge de 90 ans. Des funérailles nationales furent organisées en son honneur, celles-ci avaient été planifiées depuis plusieurs années sous le nom de code "Hope Not". Il est enterré dans la tombe familiale de Bladon, à seulement quelques kilomètres de Blenheim Palace, son lieu de naissance.
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